Il y’a une trentaine d’années, l’industrie du numérique prenait un essor considérable et commençait sa conquête de notre quotidien, soutenue par la promesse d’un monde connecté où les personnes pourraient demeurer en interaction permanente ; un monde où la solitude n’existerait plus.
Force est de constater que l’inverse est en train de se produire. Renforcé par le confinement, la numérisation des échanges nous fait évoluer dans un univers de plus en plus vide de relations authentiques, une culture où chacun reste chez soi au maximum, une séquestration sans fin, passée à regarder des écrans. Le numérique est en train de nous tuer socialement.
Et voilà que parmi les mesures de sobriété énergétique qui vont nous être proposées, on évoque, entre autres, le retour du télétravail pour économiser des déplacements. Penser que le numérique engendre des économies est une illusion. Les ordinateurs demandent de grandes quantités d’énergie pour fonctionner, mais surtout le numérique a la fâcheuse tendance à engendrer une multiplication des besoins virtuels qui augmentent inexorablement la facture énergétique. On travaille depuis chez soi et l’on finit par tout vouloir sous la main sans sortir de chez soi : la nourriture, les films, les « rencontres » en famille, etc. On finira par vouloir la messe à domicile !
L’ensemble du monde associatif et toutes les paroisses le constatent, il est bien plus difficile de faire sortir les gens de leur domicile qu’avant le confinement de 2020. Les rencontres le soir pour prier ou partager la Parole de Dieu, les messes le dimanche, tous les événements paroissiaux ne mobilisent qu’au prix d’efforts considérables. Notre religion est celle de Dieu incarné, elle ne peut être numérisée, elle se vit nécessairement dans le concret de relations humaines authentiques. L’Église doit montrer l’exemple à tous, en rompant au plus vite avec la logique mortifère de la virtualisation du monde ; les Chrétiens doivent se réunir, se retrouver autour du Christ. Nous devons libérer tous les prisonniers de leur salon !
P. Stéphane Mayor